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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 12:41

In " Notices sur les colonies françaises : accompagnées d'un atlas de 14 cartes" 

Auteur : France. Ministère de la marine et des colonies

Éditeur : Challamel aîné (Paris)

Date d'édition : 1866

 

(Illustrations et liens ajoutés au texte d'origine)

 

MAYOTTE.

 

Résumé historique.

L'île Mayotte, qui fait partie du groupe des Comores, presque ignorée des Européens jusqu'en 1840, est cependant habitée depuis six cents ans. Les premiers habitants connus sont des noirs de la côte d'Afrique, d'une tribu ou d'une partie de côte appelée Mouchambara. Lorsque les Portugais abordèrent à Comore, le chef arabe qui y commandait échappa à leur tyrannie avec la plus grande partie des siens. Il arriva sans difficulté à Mayotte, dans la baie de Zambourou, où il construisit une ville dont les restes existent encore. A peu près à la même époque, des Sakalaves de Madagascar vinrent demander à s'établir à Mayotte et obtinrent la cession de cette partie de l'île que l'on nomme aujourd'hui Mon'sapéré. Pendant que ces Arabes et ces Sakalaves s'établissaient à Mayotte,  une riche et nombreuse peuplade de Chiradzy, au nord de  Sohely, ayant pour chef Mohamed-ben-Haïssa, s'empara de la  Grande-Comore, puis des îles Anjouan et Moheli et leur donna  pour chefs ses deux fils. Ce même Haïssa, ayant entendu beaucoup vanter Mayotte, vint visiter cette île; il fut accueilli en ami  et épousa la fille du sultan qui y régnait. A la mort de son  beau-père, il lui succéda et fit bâtir une ville sur un des plus riches plateaux de l'île. Cette ville fut appelée Chingouni, et  l'on voit encore aujourd'hui, comme témoignage de son  existence, les restes dégradés d'une mosquée et d'un tombeau  que l'on dit être celui de Moina-Singa, fille de ce sultan, et auquel elle avait succédé dans le gouvernement de Mayotte,

 

Jusqu'en 1830, l'histoire de Mayotte est assez obscure. Vers  cette époque, Andrian-Souli, roi des Sakalaves venait d'être  chassé par les Hovas de la côté N. O. de Madagascar, lorsque  le sultan de Mayotte, nommé Amadi, qui s'était lié d'amitié  avec lui dans son enfance et qui avait épousé une de ses parentes, lui fit offrir, par son fils Buanacombé, de partager avec lui la souveraineté de Mayotte. Andrian-Souli hésitait, lorsque dans l'intervalle, Amadi fut massacré par son frère qui prit sa place. Buanacombê renouvela les offres faites par son père et engagea Adrian-Soûli à hâter son arrivée. Ce dernier se décida à accepter, l'usurpateur fut renversé et Adrian-Souli fût reçu à Mayotte comme un père. Une partie de l'île lui fut  assignée en toute propriété et il commença à la cultiver  avec les Sakalaves qu'il avait amenés de Madagascar. Mais  bientôt des querelles s'élevèrent entre les, gens d'Andrian- Souli et ceux de Buanacombé et la guerre éclata entre'  les deux chefs. Buanacombé, chassé de Mayotte, chercha un  refuge à Mohéli, près de Ramanateka, à qui il fit cession de  son île, pour prix de son hospitalité. En 1836, Ramanatéka  envahit Mayotte et en chassa à son tour Andrian-Souli. Ce  dernier se réfugia chez Abd-Allah, sultan d'Anjouan, mais il  rentra bientôt en possession de Mayotte, grâce à l'assistance  de ce chef qui vint ensuite attaquer Ramanateka à Mohéli.

Abd-Allah échoua dans cette entreprise; son escadrille ayant  été jetée à la côte dans un coup de. vent, il tomba entre les  mains de Ramanateka qui le laissa mourir de faim en prison.

 

Allaouy fut proclamé sultan d'Anjouan à la place d'Abd-  Allah son père, et avec l'appui d'Andrian-Souli, son beau-  père; mais il fut renversé par son oncle Salim qui favorisa en même temps une révolte à Mayotte contre Andrian-Souli.

Celui-ci parvint à se rendre maître de la révolte et à rester  seul possesseur de Mayotte.

 

Tel était l'état des choses en 1841, lorsque M. Jehenne,  alors lieutenant de vaisseau, commandant la Prévoyante, visita Mayotte et fut frappé des avantages remarquables que  présentait cette île. Peu de temps après, M. Passot, capitaine  d'infanterie, envoyé en mission auprès du souverain de Mayotte, par le contre-amiral de Hell, concluait avec Andrian-Souli, le 25 avril 1841, un traité qui nous assurait la possession de l'île, moyennant une rente annuelle de 5000 francs,  et l'engagement de faire élever à la Réunion deux enfants du  sultan. Trois prétendants contestaient à Andrian-Souli la légitimité de sa possession, c'étaient:

  • 1° Buanacombé, ancien  sultan de Mayotte ;
  • 2° Ramanateka, sultan de Mohéli;
  • 3° Salim, sultan d'Anjouan. Mais toutes ces prétentions furent successivement écartées.

Buanacombé, seul prétendant sérieux, mourut peu après; Ramanatéka est mort aussi, en  léguant la souveraineté de Mohéli à sa fille qui n'a cessé depuis lors de vivre en bonne intelligence avec l'autorité française.

 adriansouli.jpg

Enfin Salim, qui avait succédé comme sultan d'Anjouan, à  Allaouy, décédé à Maurice en 1842; et qui eut pour prétendant  à cette succession un de ses parents, Saïd-Hamza, a renoncé  positivement à tous droits de souveraineté sur Mayotte, en  reconnaissant « comme une chose juste et vraie que, depuis  la mort du sultan Allaouy, les sultans d'Anjouan n'avaient  aucune espèce de droits à faire valoir sur l'île Mayotte et  que ses habitants étaient libres d'en disposer suivant leur volonté. »

pierre_passot.jpg

      Le Capitaine Passot

 

Le traité passé par le capitaine Passot fut donc ratifié par une décision du gouvernement français du 10 février 1843, et la prise de possession de Mayotte fut effectuée le 13 juin 1843, par M. Passot, en présence de M. Protet, commandant de la gabare la Lionne, et de deux détachements d'infanterie et d'artillerie de marine destinés à tenir garnison dans l'île.

 

 

A lire aussi : Protestation du sultan des isles Comores contre l'occupation de l'ile de Mayotte par la France en date du 9 Mars 1843

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 09:32

Cliquer sur l'image pour accéder aux statuts

pharemaj.jpg

 

In "le phare de Majunga" 16 Octobre 1926

 

pubbambao.jpg

Publicité parue dans "le phare de Majunga" (12/02/1927)

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 06:04

 

 

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Article publié dans Le Progrès de Madagascar, éditions des 17, 24 Juillet 1909 et du 4 Aout 1909

 

De la presse coloniale :

Le règlement définitif de l'affaire Said  Ali, l'annexion à la France des protecto­rats de la Grande-Comore. d'Anjouan et de Moheli, le rattachement de Mayotte et dépendances au gouvernement général de Madagascar vont être discutés au Sénat dès la rentrée du Parlement ; la grande roue de la fatalité ramène donc aujour­d'hui l'archipel de la mer des Indes sur la table de l'actualité

L'histoire indigène de Mayotte, de la Grande-Comores, d'Anjouan et de Moheli, peuplées de races les plus diverses, Antalotes, Africains, Malgaches et Arabes,  n'est faite, depuis l'époque connue du Véme siècle de l'Eghyre, que de luttes sanglantes et incessantes.

 

En 1843, le capitaine Passot planta le  drapeau tricolore sur Mayotte qui devenait, par traité, colonie française.

En 1880 et en 1886, les sultans de la  Grande Comore, d'Anjouan et la reine de  Moheli obtinrent individuellement le protectorat de la France qui respectait leur autonomie.

En 1896, ces trois protectorats et le gouvernement de Mayotte furent rattachés au gouvernement de la Réunion, union éphémère, car en 1897, le décret du 6. juillet formait de l'archipel le groupe des Etablissements coloniaux de la mer des Indes placé sous l'autorité politique d'un gouverneur résident à Mayotte.

****

 

La lutte, comme on le voit, n'avait pas cessé, la forme seule avait changé, de sanglante elle était devenue, politique ou administrative, elle restait incessante.

Cette situation n'arrêta pourtant pas l’élan de hardis Français qui vinrent dans  l'archipel installer des exploitations agricoles et industrielles.

Ils comptaient sur l'ordre sans lequel l'activité humaine ne peut se déployer avec fruit.

Leur espoir fut-il réalisé ?

Oui, car les gouverneurs qui se succédèrent à Mayotte de I843 à 1896 y accomplirent des périodes de quatre, cinq et même six années.

Aussi les exploitations agricoles devinrent elles nombreuses et florissantes et  l'industrie sucrière se développa-t-elle  brillamment.

A Mayotte, 32 concessions sont délivrées, mettant en exploitation 15,000 hectares.

 

1.200 hectares sont complantés de cannes ; les colons plantent 80,000 caféiers, 25,000 cocotiers, 5,000 cacaoyers et, par ailleurs, indigotiers, sésames, pignons d'Inde, ricins, maniocs, bananiers, etc., sans omettre les rizières de montagne, produisant à cette époque plus de 125,000 kilogrammes de riz.

Douze usines s'élèvent, la coupe des bois du pays alimentera leurs chaudières  et, en 1867, on relève à l'exportation le  chiffre de 4 millions de kilogrammes de  sucre produits par les usines de Koéni,Loujani, Cavani, Passamenti, Debeney,  Ajangua, Longoni, Goconi, D'Zoumogné, Soulou Combani.et Benjoni. Les 'mélasses produisent, un rhum. aussi parfumé que celui de Là Réunion.

 

La vanille et les arbres à essence ne sont  pas encore exploités à Mayotte, mais la prospérité rapide presque spontanée des  cultures et de l'industrie laisse à la colonie un horizon de fortune.

 

A Moheli et Anjouan arrivaient, des colons attirés par les succès de leurs compatriotes ; les plantations de canne surgissaient et l'usine de Pomoni à Anjouan exportait en 1867,un million de kilogrammes de sucre.

La Grande-Comores sommeillera encore sous l'indifférence indigène et sans  énergie française jusqu'en 1885.

Néanmoins, l'effort français à Mayotte, à Moheli et à Anjouan promettait aux  Comores un avenir doré.

 

Est-ce à dire que seules la fertilité du sol et la fécondité du climat ont fait jaillir ces richesses ? Non, car la nature qui  se montre dans la mer des Indes prodigue de Chaleur fécondante, sait aussi y mettre l'effort humain à terrible épreuve ; trois Cyclones -1849-1858-1864-dévastèrent l'Archipel et l’énergie humaine,

« l'énergie sans laquelle l'homme n'est qu'une proie indigné de pitié », fut le facteur essentiel de la prospérité de la colonie

****

 

L'ordre alors était l’auxiliaire de l’énergie et l'administration, secondait en toutes circonstances les efforts du colon.

La douceur de la population jointe à la sagesse du commandement avaient fait  baisser les statistiques judicaires on en  peut juger par celle de Mayotte en 1867.

 

Africains

Natifs

Assassinats

///

///

Incendies

1

///

Coups et blessures

1

///

Viols

2

///

Vols qualifiés

6

2

 

Le total des délits, pour une population  de 11,000 indigènes, n'était que de 105 et  celui des contraventions n'atteignait pas 150

 

Cette sagesse de là population indigène  est toute à son éloge, car, nous devons le  signaler, la question de la main-d'œuvre était encore dans l’enfance, on peut même dire qu'on n'accordait alors que des devoirs à l'indigène sans lui reconnaître de droits.

Le rotin était, il est vrai, aboli, mais Combien dur était le travail — treize heures par jour — sans repos dominical et  l'emprisonnement à la moindre infraction.

Nous verrons plus loin l'étendus du  parcours accompli depuis dans cette voie, malheureusement, en constatant les  améliorations apportées au sort de l'indigène, nous ne pourrons relever un progrès dans sa mentalité ; nous tenterons de rechercher les causes de cette anomalie et  nous examinerons le remède à y apporter.

Ce remède est simple et de pratique  possible, son application ne serait, de  notre part, que l'application du devoir

- « du devoir que s'inscrit en lettres nettes vis-à-vis de tout oeil humain, lorsque  cet oeil volontairement ne se se reclot pour céder à la faiblesse. »

Mais, ayant l'examen de la situation  actuelle, une autre période intéressante,  succédant à celle que nous venons de tracer, devra retenir notre attention.

II

A partir de l896, la lutte entre administrativement et météorologiquement dans  une nouvelle phase, les vents métropolitains se déchaînent sur l'archipel avec autant de violence que les vents alysés ; ils s'allient pour raser tout et les ukases balayent les gouverneurs à peine installés  durant que les cyclones démolissent les  usines florissantes et dévastent les plantations prospères. (A Suivre)

(Suite)

 De 1896 à 1908, le commandement passe dix-huit fois des mains de gouverneurs en celles d'administrateurs, de celles-ci en celles des chargés d'affaires quelconques ,on relève, en effet, sur les contrôles, durant cette période : 5 Gouverneurs Généraux, 5 gouverneurs titulaires, 5 gouverneurs par intérim, 3 administrateurs et 5 chargés d'affaires. Durant cette avalanche, les îles essuient cinq cyclones : février 1898, avril 1898, décembre 1904, décembre 1905 et avril 1908  

 

Dans les protectorats, la stabilité administrative est encore plus négative, à Anjouan, à Moheli ou à la Grande-Comore les résidents arrivent et partent avec les moussons.

****

Malgré ces sautes, exploitations agricoles et usines s'étaient développées. A Anjouan, florissantes étaient les cultures de Pagé, Sàngany, D'Ziani, Bambao, Pomoni, Nieumakelé, Patsy, etc.; usines à sucre et distilleries étaient en plein travail à Pomoni, Bambao et Patsy.

A Moheli, les domaines de Fomboni, Miramani et Yombéni étaient en plein  rapport et une usine à sucre fonctionnait à Fomboni,

 

A la Grande Comore , une ère. nouvelle , était le prélude de l'abolition de l'esclavage

Jusqu'en 1885, les indigènes avaient  jalousement fermé leur île aux Européens, dans la crainte de voir compromise, leur unique industrie, la vente des esclaves, dont les marchés; M.'Roni, Mitsamiouli, Fomboni et Chindini étaient réputés. A cette époque, un Français de Lorraine, M. Léon Humblot, réussit à traiter avec le sultan et formant la Société, dite de la Comore, il créa routes, tramways, plantations, magasins agricoles, bâtiments et scierie modèle.

Dès le 10 janvier de l'année,- le sultan Said Ali sollicitait et obtenait le Protectorat de la France.

 

L'arrivée des Français, avait pour premier effet l'abolition de l'esclavage,

On peut juger de l'activité et de l'énergie des nouveaux arrivants par les exportatiom de la Société de la Grande-Comore en 1907 :

 

  • Vanille -... 10.000 kilogrammes
  • Cacao.. 35.000 kilogrammes
  • Cocos. 300.000 noix
  • Pignons d'Inde.... 300.000 kilogrammes
  • Bois. 800 mètres cubes
  • Café, girofles, essences "et autres produits secondaires.

 

A Mayotte, l'effort initial s'était .continué et malgré la nouvelle concurrence des trois protectorats, malgré les entraves nouvelles, cultures et usines se maintenaient au travail.

Cependant là constance des variations de commandement et la répétition des cyclones étaient une double épreuve pour les colons, leur énergie les rendait, dignes de pitié, la nature et l'humanité restèrent sourde   on ne peut dire inexorables car l'une se reprenait à la fécondité et l'autre distribuait quelques maigres secours.  

 

Encore faut-il s'entendre, la métropole avança, en 1898, des fonds de secours à la colonie de Mayotte, mais celle-ci les rembourse à celle-là par annuités.

****

L'année 1898 amena dans l'archipel des désastres irréparables pour quelques colons : en février, c'est un cyclone d'une violence terrible qui rase à Mayotte les usines de Loujani, .Passamenti, Soulou, Coconi, Benjoni et Longoni, à Anjouan  celle de Patsy ; en avril, c'est une nouvelle tourmente qui noie toutes les plantations de cannes  pour couronner ces fléaux, c'est en Europe l'effondrement des cours du sucre. Debeney, Koéni et Ajàngua écrasées éteignent leurs feux et leur propriété est abandonnée à l’administration en paiement de l'impôt foncier. Cette fois c'est bien l’anéantissement, toute.les usines précitées ont vécu ; leurs ruines recouvertes de brousse restent encore aujourd'hui, jalons historiques des luttes de l'énergie humaine contre la violence des éléments et l'injustice, de la fortune.

****

S’ils avaient été prévoyants, les colons ne se fussent pas contentés, de monoculture, mais les succés successifs des campagnes sucrières avaient endormi leur  prudence. Leur réveil fut douloureux, ils comprirent qu'il ne suffit pas de vouloir et qu'il faut encore prévoir ; mais leur énergie avait encore des réserves et l'on replanta dés cannes à. D'Zoumogné, Combani et Cavani, on entreprit aussi sur ces domaines et. sur les autres de vastes cultures de vanilliers, de caféier, de canelliers . et de végétaux à essence, citronnelle et ylang-ylang. On joignit bientôt, à ces plantations l'aloès (fourcroya-Sisalana, etc.), dont les fibres commençaient à tenir les hauts cours sur les marchés européens

Mayotte suivait l'exemple de la Grande-Comore'. Anjouan et Moheli en feront autant toutefois, en I.902, l'usine de Fomboni à Moheli doit fermer les cannes ayant séché sur pied faute de bras pour les couper -grève qui dura plus de trois mois.

Dans l'archipel l'énergie résistait et la  volonté devenait le facteur essentiel sinon de la propriété du moins de la vie de la colonie.

 

***** 

 

-La vanille touche des cours ascendants, ,la citronnelle et l’ylang-ylang atteignent les sommets, les succès du rhum compensent la faiblesse des sucres, les fibres d'aloés se tiennent brillamment, l'espoir renaît.

Mais les cyclones revinrent, 1907, 1905 et 1908 ; les cours de la vanille fléchirent, ils toucheront au plus bas, 9 francs alors  que la production en coûte 12 fr., la  citronnelle s’effondra de 250 francs à 10 francs : seule l'instabilité du commandement demeura.

La lutte durait toujours, toujours elle restait incessante.

L'aggravation de la situation ne paralysa pourtant pas l'énergie des Français qui avaient installé dans l'archipel cultures et industries, elle la fouetta au contraire et les colons de Mayotte et des Comores montrèrent qu'ils étaient des hommes.

 

Que devenait l'indigène dans la tourmente, quelles améliorations matérielles ou morales lui avait on donnée? C'est ce que nous allons examiner.

III

« C'est vous le nègre?. ..  (1)», Cette phrase rendue célèbre dans l'hémisphère boréal par la situation de la personnalité qui la lança, en 1876, à Saint-Cyr avait été prononcée dans l'hémisphère austral par le premier commandant, en 1843 à Mayotte...  

 

(1) Voir La Dépêche Coloniale des 12 et 19 mai 1909,

 

(A Suivre)

 

Elle, continua à y être répétée à chaque changement de mains du commandement  à considérer le nombre de mutations signalé plus haut on pourrait inférer qu'elle s'est enfin usée. Il n'en est rien, elle continue toujours et le nègre de l’archipel à l'instar de son congènere cyrard gradé et maintenant retraité, continue encore de nos jours, mais sans avoir avancé et sans espoir de retraite.

La question vaut cependant mieux qu'une plaisanterie. Elle est simplement primordiale, c'est la pierre, de touche de la morale, c'est la clef de voûte de l'édifice colonial , de sa solution dépend la fortune de la colonie.

Mais ceux qui ont voulu la déhaler « y ont attelé deux chevaux de races différentes. Et tandis que l'un s'endort, l'autre s'emporte ». Les uns, gens trop pratiques, veulent endormir l'indigène dans son Ignorance , pour en faire un simple outil humain. Les autres veulent l'emballer dans la vie à l'européenne, sans culture préalable.

Pourquoi ne pas faire aller l’attelage du même train ?

****

A Mayotte et dans les Comores, les indigènes se. divisent en deux classes : les autochtones et les Africains dénommés Makois .

La question indigène se subdivise, elle aussi, en deux : le travail et l'éducation.

Travail

Mayotte - Après l'occupation française, 1843, aucune entrave ne fut apportée à la liberté du travail, comme aussi aucune amélioration au sort des indigènes. Les autochtones travaillaient, comme journaliers, leurs salaires étaient débattus entre eux et les colons, sans intervention de l'administration. Les Makois restaient, ce qu'ils étaient, des esclaves.

 

En 1848, l'esclave étant aboli, l'étiquette change pour les Makois d'esclaves ils deviennent engagés, le travail reste le même et le contrat qui les lie au colon ne reçoit aucune sanction de l'administration.

 En 1855, un arrêté local règle les conditions de l’engagement :

Les contrats ne peuvent être passés qu'en présence des délégués de l'administration ; durée maximale cinq ans, minimale : trois ans , renouvellement facultatif.

Salaire : adultes, 10 francs par mois, enfants de dix à seize ans, 2 fr. 50. Pour tous, ration journalière uniforme. 800 grammes de riz blanc.

 

En 1858, un arrêté, local supprime le maximum et le minimum de la durée de l’engagement qu'il fixe de façon uniforme à dix ans, toujours avec renouvellement sans modification de salaires.

De 1858 à 1885, aucune modification capitale n'est apportée à la situation, seuls quelques détails sont fixés par arrêtés locaux : mode de paiement des salaires, contrôle des payes par l'administration, etc., etc. Notons, toutefois, en 1867, l'abolition de la barre de justice.

****

Le Makois étant bon ouvrier, vigoureux et rebelle à la fièvre paludéenne, son introduction augmenta considérablement dans la colonie.

En 1885, paraît le premier Décret réglant l'immigration :

Un syndic et un commissaire spécial en assurent l'application sous l'autorité du gouverneur :

Les immigrants, des deux sexes, sont pendant toute la durée de leur séjour dans la colonie, soumis à l'obligation de l'engagement, dont la durée est réduite à cinq ans. En cas de mon réengagement, rapatriement ;

Les salaires mensuels sont fixés à 12 fr.  50 (hommes) à 7 fr. 50 (femmes), à 5 fr.  garçons de douze à seize ans, (filles de douze à quatorze ans).

Interdiction de travail pour les enfants  au dessous de douze ans .

La ration de 800 grammes de riz blanc  est augmentée de poisson sec, de viande  salée, légumes secs et de sel, deux vêtements par an , logement.

Durée de la tâche réduite de treize à neuf heures et demie,

En cas de force majeure travail supplémentaire autorisé, mais avec salaire y afférent, minimum 0 fr. 05 par heure le jour, o fr. 10 la nuit. Repos les jours fériés et dimanches .Soins médicaux et hospitalisations sur le domaine du colon.

Les enfants d'immigrants fréquentent l'Ecole Française dispensés de l’engagement. (Malheureusement cette fréquentation de l'école reste facultative).

 

Un article du décret doit encore être signalé :

Tout immigrant qui, à l'expiration de son engagement, fournira de bons certificats pourra obtenir l'autorisation pour lui et sa famille de séjourner librement dans la colonie ou il jouira des droits civils édictés par l'article 13 du Code civil.

Le Makois devient ainsi l'égal de l'autochtone.

C'est la prime morale au travail.

La situation de l'autochtone ne varie pas, elle est en 1885 ce qu'elle était en 1843 ; elle restera la même jusqu'en 1905

 

Les cyclones de février et avril 1898 qui détruisirent usines et plantations eurent comme queue la désorganisation de l'immigration. La fermeture des principales usines amena la mise au dépôt de centaines de Makois. L'Administration, aux termes du décret, était astreinte à les nourrir jusqu'à leur embarquent et à les rapatrier les colons lui ayant fait abandon de leurs domaines. Pour se soustraire à ces obligations, le commandement prit un biais, dont il ne sut envisager les funestes conséquences, il accorda en bloc le permis de séjour à tous les Makois, bons ou mauvais sujets.

La porte était ouverte aux permis de séjour, il en résulta que tous les Makois restés engagés sur les propriétés ayant résisté au désastre, réclamèrent, eux aussi, l'expiration de leurs contrats le dit permis, délivré, dorénavant, sans la sage restriction du législateur : le certificat de bonne conduite et de travail. La prime morale au travail était morte.

 

La faveur réservée au mérite devenant le droit de la masse, le flot des mauvais sujets noya le petit groupe des bons sujets et l'oisiveté devint la règle des Makois.

 

L'oisiveté des Makois entraîna fatalement celle des autochtones et la main-d'oeuvre fit défaut dans la colonie.

Tout excès en entraîne un autre.

La liberté immodérée accordée aux Makois entraîna la ruine de celle des autochtones.

En 1904, sans arrêté, le commandement astreignit, proprio motu, tous les indigènes au travail et plus tard, pour se couvrir, il suscitera le décret de 1905.

KOUELI

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 15:29

 

In "Madagascar. Journal officiel de Madagascar et dépendances. Supplément commercial (Tamatave et Côte Est)." Mars 1902

 

avendre

 

MISE EN VENTE

Du
MATERIEL, MACHINERIES et PROPRIETES

DE LA Cie DES COMORES (MAYOTTE)

A vendre, au comptant ………………………………20.000 fr.

 

LA PROPRIETE SUCRIERE D’AJANGNA

superficie 703 hectares, comprenant : belle maison de maître couverte en tuiles Montchanin, 3 maisons pour employés, 3 magasins couverts en tôles et en tuiles, écuries pour 6 montures, 2 parcs à bœufs dallés et couverts. Terrains se composant de plaines et côte aux, plateaux à 300 mètres d’altitude, sillonnés de chemins charretables. Usine en bois et fer, démontable;, couverte en tuiles Montchanin, d’environ 70 X 15 mètres de large etc., etc.

 

ON VENDRAIT EN DÉTAIL, COMPTANT ET A PRENDRE SUR PLACE :


1 générateur à bouilleur de 30 chevaux                                          2.000 fr.

1 générateur a bouilleur de 25 chevaux ......    1.000 fr

1 machine fixe horizontale, dé­tente Meyer, de 20 chev. env. 1.500

1 moulin à cannes et sa trans­mission                   . 1.500 fr

1 machine horizontale de 6 che­vaux               500 fr

1 machine anglaise de 6 chev.. 300 fr

6 turbines pour sucre à 500 fr l’une

1 petit cheval alimentaire, 1.000 litres envi­ron à l’heure, 300 fr.

Paliers en fonte, poulies dé toutes dimen­sions, 20 fr. les 100 kilos.

Arbres en fer, 16 fr. — .

Environ 20.000 tuiles Montchanin, à 1OO fr le mille.

Une baleinière en tôles galvanisées, parfait état, bordée en cuivre, pour 6 rameurs, avec avirons, deux mâts et voiles, 500 fr.

 

LA PROPRIETE SUCRIERE DE KOENY

(1.570 hectares), comprenant : belle maison de maître, avec charpentes et portes en fer, couverture tuiles Montchanin, 4 maisons d’em­ployés, magasins, atelier, fonderie, infirmerie, parcs à bœufs et usine de 81 X 10 de large magnifique plaine de 300 hectares, réservoirs d’eau, canalisation en fonte, etc., etc.

 

ON VENDRAIT AU COMPTANT; ET A PRENDRE SUR PLACE :

 

1 machine horizontale Brissonneau, détente fixe, changement de marche, de 20 à 25 chevaux                 5.000 fr.

1moulin a cannes de 15 chev. 3.000 fr

1 machine fixe horizontale de 8 chevaux, détente fixe       1.500 fr

1 moulin à cannes de 6 chevaux 1000 fr

1 machine fixe horizontale de 10: chevaux                         2.000 fr

6 turbines pour sucre, à 500 fr. l’une.

Paliers, poulies, chaises applique, etc., etc.

 

LA PROPRIETE SUCRIERE DE DEBENEY

(1.050 hectares), comprenant : 2 maisons couvertes en tuiles, 4 maisons d’employés, écuries pour 10 montures, vastes magasins couverts en tôles, infirmerie, atelier, parc à bœufs, port d’embarquement, muni d’une grue en fer,, usine de 80 X 12 de large, etc., etc.

 

ON: VENDRAIT AU COMPTANT ET A. PRENDRE SUR PLACE :

1 générateur semi tubulaire, 56 chevaux 4.000fr

1 générât, à bouilleurs, 50 Chev.  3.000

1 — — 45 —                               2.000

1 machine horizontale, 25 —       4.500

1 moulin à cannes, 16 chevaux.    3.000

1 machine anglaise à balancier,12 chevaux environ .....'. ..          1.000

1 moulin à cannes de 12 chev..    500

1 machine horizontale de 10 ch.  1.800

1     —            —           6 -r        600

10 turbines à sucre, à 500 fr. l’une; che­vaux alimentaires, etc., etc,

100 à 150 bœufs de charrois pouvant également être destinés à la boucherie, au prix de 90 l’un,, par quantité de 50 animaux

50 charrettes, dites, à cannes, à deux roues, longueur 2 mètres, largeur 1 mètre, à. 70 ou 80 fr. 1’une suivant la quantité achetée

 

S’adresser pour rachat en bloc des propriétés de Kcény et Débénëy Monsieur A. VI0T, Armateur: Boulevard Delorme, à Nantes (Loire Inférieure).

Et pour la propriété d’AJangna, ainsi que pour le matérielà Monsieur Henri TOUCHAIS, planteur à Mayotte

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29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 08:11

Il ya quelques mois,Philippe Delaygues, (numismate vivant à la REUNION) m'envoyait le document ci dessous.
Il s'agit de jetons destinés a controler la paye des ouvriers sur les sites sucriers.
Je sais qu'ils étaient utilisés aussi comme monnaie auprés des magasins appartenant aux propriétaires des usines , cette monnaie "tournant" ainsi en circuit fermé !!!!

Je n'ai pas trouvé d'archive(s) a propos de ces jetons, si un de nos lecteurs en posséde une elle sera la bienvenue.

"MONNAIES ET JETONS DES COLONIES FRANçAISES", Jean LECOMPTE, éditions Victor Gadoury, 2007
classés à COMORES, page 241



Encore merci à PHILIPPE


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15 juin 2008 7 15 /06 /juin /2008 01:08



Les vestiges industriels de Mayotte Juin 2008
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14 juin 2008 6 14 /06 /juin /2008 13:07

 

In "ETUDE SUR LES ILES COMORES"

Edmond.LEGERET

1890

Imprimeur GRAMPOGER PARI

Historique

Ce fut, dit la tradition le navigateur portugais Diego Suarez qui découvrit Mayotte, en 1527. Le Hollandais Davis y aborda en 1595 et fut, parait-il, fort bien reçu par le sultan de l'Ile.

L'histoire de Mayotte, comme celle de toutes les Comores, est d'ailleurs assez confuse; cependant, le capitaine Péron, dans ses mémoires, parle d'une expédition que le sultan d'Anjouan aurait faite en 1792 contre Mayotte, pour y obtenir le paiement d'un tribut.

 

A cette époque, Radama Ier était roi des Hovas. Adriansouli, chef des Sakalaves de Boéni, avait été chassé par lui de la côte Ouest de Madagascar : il se réfugia avec les siens à Mayotte, où le sultan Amadi, alors en guerre avec les sultans de la Grande Comore et d'Anjouan, lui avait offert l'hospitalité et même une partie de sa souveraineté.

Sur ces entrefaites, le frère d'Amadi le tua et prit sa place; mais Amadi avait un fils, Banacombé, qui, avec l'aide d'Adriansouli et des Sakalaves, renversa à son tour l'usurpateur.

A la suite de cette victoire, Adriansouli épousa la fille d'Amadi et une partie de l'Ile lui fut donnée en récompense de l'appui qu'il avait prêté à Banacombé.

Cette bonne intelligence ne put durer longtemps. La guerre éclata bientôt entre les deux sultans de Mayotte et Banacombé, vaincu et chassé de l'Ile, alla se réfugier à Mohéli auprès de Ramanétak.

Ce dernier envahit Mayotte et infligea une sanglante défaite à Andriansouli ; mais ce dernier, avec l'aide du sultan d'Anjouan, put reconquérir le pouvoir. Pendant son règne, il eut à réprimer de nombreuses révoltes et l'Ile fut à l'état de guerre presque sans interruption.

Telle était la situation lorsqu'en 1840 le lieutenant de vaisseau Jehenne, commandant la Prévoyante, vint à Mayotte.

Adriansouli, fatigué de ces luttes continuelles, offrit de céder l'Ile à la France, moyennant une pension de 5,000 francs. et l'éducation de ses enfants à l'Ile Bourbon. Le gouvernement français envoya en mission un capitaine d'infanterie de marine, M. Passot, pour étudier cette proposition. Trois prétendants se disputaient alors Mayotte : Banacombé, Ramanétak et enfin le sultan d'Anjouan, Salim, frère d'Abdallah. Les deux première moururent pendant les négociations et Salim se désista de ses prétentions. Dans ces conditions, le capitaine Passot conclut avec Andriansouli un traité d'annexion qui fut ratifié le 10 février 1843.
La prise de possession officielle eut lieu le 13 juin suivant.


Les vestiges industriels de Mayotte Juin 2008

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12 juin 2008 4 12 /06 /juin /2008 18:37

In "ETUDE SUR LES ILES COMORES"

Edmond.LEGERET

1890

Imprimeur GRAMPOGER PARIS

 

Historique

L'histoire des Comores est assez difficile à établir, si l'on remonte à une époque assez reculée ; cependant il semble résulter d'un ancien manuscrit arabe trouvé à Mayotte, que les premiers habitants des Comores furent les Irduméens ou Arabes.

Leur arrivée dans le pays parait avoir suivi de très près la fin du règne de Salomon. Voici, nous dit ce manuscrit, l'histoire « des temps anciens dans les iles Comores, c'est-à-dire Gazizad, Anjouan, M'Heli et M'Ayata. Nos aïeux nous apprirent que des quatre iles Comores, Gazizad fut habitée la première après la venue du prophète Salomon-ben-Daoudou, que la paix de Dieu soit avec lui.

A cette époque apparurent deux Arabes venant de la Mer Rouge, avec leurs femmes, leurs enfants et leurs domestiques ou esclaves.

Ils s'établirent à la Grande Comore. Après, il arriva beaucoup d'hommes d'Afrique, de la côte de Zanguebar pour habiter dans les îles.

Mais cet écrit ne dit pas par la suite de quelles circonstances les Arabes se fixèrent aux Comores. Est-ce le hasard de la tempête ou le désir de la conquête qui les poussa vers ces régions ?

Dans son histoire de la grande île Madagascar , de Flacourt parle d'une tribu arabe, les Zaffe Hibrahim (enfants d'Abraham), qui se seraient fixés à Madagascar, à une époque paraissant concorder avec celle indiquée sur le manuscrit . C'est, d'autre part, une tradition locale, qu'une colonie d'Arabes, sectateurs ,d’Ali, serait venue se fixer aux Comores, sous la conduite d'un prince de l'Yemen.

Ce prince, après avoir soutenu un grand nombre de combats, aurait été vaincu et aurait pris la fuite avec sa famille et une partie de ses sujets. Une tempête aurait dispersé ses vaisseaux et trois bâtiments seuls auraient pu se sauver.

Le chef serait allé s'établir à Anjouan ; ses sujets se seraient fixés à Maoulé (Mayotte), Mohéli et à la Grande Comore.

Après les Arabes, sont venus des noirs de la côte d'Afrique, de la tribu des Zendjés et des Chambaras.

Les Persans de Chiraz , qui trafiquaient avec la Côte d'Afrique à Magdochon et Kiloa, débarquèrent aussi aux Comores, vers l'an 360 de l'Hégire (1).

A partir du xvi émesiècle, l'histoire devient plus nette et plus précise.

C'est vers les années 1500 et 1505 que des Portugais abordèrent à la Grande Comore, mais ils n'y restèrent pas longtemps et firent place à un parti considérable de Chiraziens venus sous la conduite de Mohamed-Ben-Haïssa. Ces nouveaux immigrants s'établirent à la Grande Comore, à Anjouan et à Mohéli.

Peu après, les Portugais, dit à ce sujet le manuscrit de Mayotte, il est venu beaucoup d'hommes de Chiazi pour rester dans les îles . Ils sont partis de Palestine au nombre de sept boutres.

Le premier aborda Souahéli, le deuxième à Zanzibar, le troisième à Tonguy, le quatrième à Gongué, le cinquième à Gazidad, le sixième à Anjouan et le septième à Boueni sur la côte de Madagascar.

Dans chacun des sept boutres, il y avait un prince de Chirazi, et tous professaient la religion mahométane et, dans tous les pays cités plus haut, il y eut un prince de Chirazi qui régna. Ceux qui sont arrivés a Boueni ne régnèrent que fort peu de temps ; ils furent dominés par les Sakàlaves,qui sont « encore aujourd'hui leurs maîtres ils sont connus sous le nom d'Antalaoussi Antalota.

Les migrations malgaches suivirent de près l'arrivée des Portugais. Parmi elles, il faut citer notamment l'arrivée à Mayotte d'une troupe nombreuse de Sakàlaves qui vint s'établir dans cette île au commencement du xviéme siècle sous la conduite de Diva Marné, un des chefs du Boueni. Les émigrations de Sakàlaves devinrent plus tard très fréquentes, à la suite des guerres

qui ensanglantaient les pays malgaches. Enfin, la traite des esclaves introduisit dans les Comores une foule de Makois, de Montchaous, de Cafres, de Chambaras, etc... venus de Madagascar et de tous les points de la côte d'Afrique. Des Indiens de Bombay, venus pour faire le commerce, introduisirent encore un élément nouveau dans cet étrange mélange de races, qui constitue la population des Comores.

(1) Vers 970 du calendrier Julien-Grégorien

Les vestiges industriels de Mayotte juin 2008

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8 juin 2008 7 08 /06 /juin /2008 12:02

Encyclopédie méthodique ou par ordre de matiéres ...

 De Jacques-Philibert Rousselot de Surgy

Publié 1784

 

Les f on été remplacé par des s.
Les autres termes ont été conservés


COMORES , ISLES COMORES.

Ces iles , situées dans le canal de Mozambique, entre la côte de Zanguebar(1) & de Madagascar , sont au nombre de quatre.Comeré qui en est la principale ,
et qui a donné son nom à ce petit archipel , est peu connue. Les portugais , qui , dans leurs premières expéditions , la découvrirent , y firent tellement détester , par leurs cruautés , le nom des européens, que tous ceux qui ont osé s'y montrer depuis ont été massacrés ou fort mal reçus : aussi l’а-t-on entièrement perdue de vue.
Celles de Mayotte et deMoëli ne font pas plus fréquentées , parce que les approches en sont difficiles , et que le mouillage n'y est pas sur. Les anglois ne relâchent qu'à l'ile d'Anjouan.
C'est - là que la nature , dans une étendue de trente lieues de contour , étale toute sa richessee avec toute sa simplicite.

Des coteaux toujours verts , des vallées toujours riantes y forment partout des paysages variés et délicieux. Trente mille habitants, distribuésen foixante & treize villages, en partagent les productions. Leur langage est l'arabe ; leur religion un mahomérisme fort corrompu.
On leur trouve des principes de morale , plus épurés qu'ils ne le font communément dans cette partie du globe.

 L'habitude qu'ils ont contractée de vivre de lait & de végétaux , leur a donné une aversion insurmontable pour le travail.
De cette paresse est né un certain air de grandeur , qui conduit, pour les gens distingues , à laisser croître excessivement leurs ongles. Pour se faire une beauté de cette négligence , ils les teignent d'un rouge tirant sur le jaune , que leur
fournit un arbrisseau.
Ce peuple né pour l'indolence, a perdu la liberté qu'il était fans doute venu chercher d'un continent voisin , dont il était originaire.

Un négociant arabe , il n'y a pas un siécle , ayant tué au Mozambique un gentilhomme portugais , se jetta dans un bateau que le hafard conduisit à Anjouan. Cet étranger se servit si bien de la supériorité de ses lumières , & du recours de quelques-uns de ses compatriotes , qu'il s'empara d'une autorité abfolue que son petit-fils exerce encore aujourd'hui.

 

Cette révolution dans le gouvernement ne diminua rien de la liberté & de la sureté que trouvaient les anglois qui abordaient dans l'ile.

Ils continuaient à mettre paisiblement leurs malades à terre , où la salubrité de l'air , l'excellence des fruits , des vivres & de l'eau les rétablissaient bientôt.

 

Seulement on fut réduit à payer plus cher les provisions dont on avait befoin, et voici pourquoi.

 

Les arabes ont pris la route d'une ile où régnait un arabe. Ils y ont porté le goût des manufactures des Indes; et comme des cauris (2), des noix de coco , & les autres denrées qu'ils y prenaient en échange , ne suffisaient pas pour payer ce luxe , les insulaires ont été réduits a exiger de l'argent pour leurs bœufs , leurs chèvres , leurs volailles , qu'ils livraient auparavant pour des grains de verre, & d'autres bagatelles d'un aussî vil prix. Cette nouveauté n'a pas cependant dégoûté les anglois d'un lieu de relâche , qui n'a d'autre défaut que celui d'être trop éloigné de nos parages.

(1) La côte de Zanguebar est l'ancienne appellation d'une partie de la côte de l'Afrique orientale (aujourd'hui en Tanzanie, au Kenya et en Sud-Somalie), qui s'étendait le long de l'océan Indien entre la côte d'Ajan au nord et le Mozambique au sud (du 5e degré de latitude Nord au 11e degré de latitude Sud).
Elle était principalement possession du sultanat d'Oman, et l'on y distinguait les États de Magadoxo, Mélinde, Zanzibar, Quiloa, etc


(2) Le cauris est un coquillage originaire des îles Maldives. Introduit en Afrique bien avant la pénétration coloniale, ce coquillage servait de monnaie dans les transactions commerciales, en remplacement du troc. Après la découverte de la monnaie métallique, le cauris a alors été utilisé pour diverses autres fonctions : parures, décorations et objets de divination


Vestiges industriels de Mayotte, Juin 2008
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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 09:08
Extrait du rapport de l'exposition internationale (1878 ; Paris).
Catalogue officiel. 1878
Sources : Collection personnelle,

Les noms propres ( lieux,communes etc...) sont ceux employés dans le document original.

 

 

MAYOTTE

Topographie. - L'île de Mayotte est située par 12°45' de latitude sud et 43° de longitude est.

Elle occupe, dans sa plus grande dimension, une étendue de O* 25' nord et sud et se trouve réduite, sur quelques-uns de ses points, à une largeur de 2 lieues (environ 8 kilomètres). Ses bords sont hérissés de caps et hachés de ravines profondes où la mer pénètre quelquefois assez loin; on peut se figurer Mayotte comme un poisson dont l'arête aurait été mise à nu dans le milieu du corps, tandis que les deux extrémités auraient conservé leur enveloppe charnue

 

Elle s'étend, comme nous l'avons dit, du nord au sud ; elle est traversée dans toute sa longueur par une chaîne de montagnes dont plusieurs points sont élevés de 600 mètres environ ; son sol, d'origine volcanique, est inégal,, onduleux, coupé de ravins très-profonds, formant autant de torrents pendant la saison des pluies, et desséchés pendant le reste de l'année.

 

En s'approchant de la mer, le terrain s'abaisse d'une manière un peu brusque et se termine, dans la majeure partie de l'île, en marais fangeux recouverts de palétuviers noyés par chaque marée.

Dans l'intérieur, à l'ouest de la chaîne principale, on remarque plusieurs plateaux, particulièrement deux assez étendus et à l'abri des dégâts que produisent les pluies abondantes de l'hivernage. Cette partie de l'île est la plus favorable aux cultures, tant à cause de sa position qui la met à l'abri des vents généraux, qu'à cause de son élévation moyenne qui lui permet de con­server plus longtemps l'humidité si nécessaire pendant la germination des graminées.

 

 

En général les sommets des monts les plus élevés sont stériles, on n'y voit que quelques arbres rabougris et clair semés ; il n'en est pas de même des versants, qui présentent une végétation d'autant plus belle qu'on se rapproche des bas fonds ou serpentent les cours d'eau ; c'est surtout dans ces portions de terrain que les naturels avaient établi leurs cultures. Ils y ont pratiqué des défrichements souvent regrettables à cause du moyen par eux employé, et qui consiste à incendier les bois.

 

Villages. - Il n'existait, à notre arrivée à Mayotte, qu'un seul grand village, nommé Choa, situé à l'est de l'ile, près de son extrémité nord, sur un promontoire assez élevé aux bords de la mer. Depuis notre occupation, les naturels, plus confiants, ont rebâti d'abord leur ancienne capitale  (Chingoni) située à la partie ouest de l'île, près d'une sorte de marais qui prend, à la saison des pluies, les dimensions d'un petit lac. Aujourd'hui le nombre des villages s'est con­sidérablement accru ; on cite, entre autres, ceux de Koëni, de Jongoni, Do-pan,, etc.

 

Pamanzi. La rade principale devant Choa présence un bon mouillage ; une source abondante d'eau très-salubre vient se jeter à la mer à une très-faible distance et offre une aiguade commode. La rade est bornée à l'est par l'île de Pamanzi, îlot stérile et montagneux qui présente seulement à sa partie nord-ouest une plaine recouverte de palétuviers, baignés par la marée; c'est la seule partie de l'îlot susceptible de culture. Son point le plus culminant offre un vaste cratère éteint dont le fond est rempli d'une eau bourbeuse et salée.

 

Dzaoudzi. Sur un tertre élevé, isolé et réuni à Pamanzi par une langue de terre très-étroite, entièrement recouverte à marée haute, se trouve le village de Dzaoudzi, ancienne résidence d'un pacha. Ce village, habité au début par quelques arabes, a reçu la plus grande partie de la population européenne de

Mayotte, la garnison, un hôpital construit dans un endroit salubre et tous les bâtiments publics servant au gouvernement et à l'administration. On estime que ces constructions ont coûté de 5 à 6 millions. Dzaoudzi est le chef-lieu de l'Ile. La rade, située au nord-est, et qui porte le nom de Dzaoudzi, est d'une bonne tenue, elle a 80 brasses de fond. sable et vase.

 

Mamoulzou. La presqu'île qui porte ce nom est située, également à la côte, en face de Pamanzi. Sa configuration l'avait fait choisir pour l'établissement d'une ville commerciale (projet élaboré en 1844 et repris en 1863). Il existe une aiguade qui possède, dans un bassin voûté, une réserve de 50,000 litres d'eau. Le produit des sources qui alimentent ce bassin est de 6 à 7 décilitres par seconde. Tout près de ce bassin coulent d'autres sources dont les produits réunis donnent une quantité d'eau à peu près équivalente. Les deux rivières de M'saperé et de Koeni donnent en outre à ce pays un approvisionnement d'eau considérable. A ces avantages se joignent un accès facile pour les navires et une grande fertilité du sol.

 

Le commandant de la colonie possède déjà un pavillon sur ce point plus salubre que Dzaoudzi.                               

 

Une citerne fournit seule de l'eau à Dzaoudzi et cette eau est de mauvaise qualité, il faut donc pour les besoins de la population, envoyer chercher de l'eau à Mayotte. Ce service se fait régulièrement chaque jour au moyen de  deux chaloupes.

 Mais le personnel se trouve rationné comme à bord d'un navire.

 

On a formé, en 1844, le projet de faire de Dzaoudzi le centre d'une des plus fortes places du monde en occupant le Morne aux Indiens et le Morne Mirandol, en fortifiant Choa les îles Mougnamer, Bougi, Bandali, etc,, etc.; ce projet a du être abandonné, l'importance de l'île ne justifiant pas, quant à présent, de tels travaux.

 

Longoni. La baie de Longoni est une des plus belles de Mayotte, elle offre aux bâtiments un bon mouillage, une rade spacieuse, d'excellente eau, du bois de chauffage et de mâture facile à faire, et des poissons de table pour les équipages. Un ruisseau y débouche ; elle est obstruée par les palétuviers.

Mayotte a sur Nossi-Bé l'avantage d'un port magnifique,, point de relâche naturel de tous les navires allant dans l'Inde par le canal de Mozambique. Sa situation même à 60 lieues plus à l'ouest permet aux navires qui, de ce point se rendent à Bombetock, d'avoir, par toute mousson, les vents traversiers la distance de chacune des deux îles à ce port étant d'ailleurs à peu près égale.

 

Hydrographie et météorologie. - Les courants autour de Mayotte sont très-variables en force et en direction, suivant les localités. Néanmoins,, leur direction est presque toujours celle de la côte près de la côte, et celle des récifs près des récifs ; leur vitesse a quelquefois 3 nœuds 1/2 dans les passes.

Le flot porte au sud-ouest ou au sud, selon la position ; le jusant porte au nord est ou au nord dans les passes; ils suivent la direction des passes au com­mencement du flot et à la fin du jusant..

 

. La chaleur est moins accablante à Mayotte qu'à Nossi-Bé. Il règne pendant le jour une brise du sud-est, et le soir une brise du sud-ouest qui ne rencontrent aucun obstacle Comme elles viennent du large, elles produisent un abaissement relatif de température.

La hauteur moyenne du thermomètre est de 27° centigrades.

Dans la partie sud de I'Ile. les pluies sont moins abondantes pendant l'hivernage  que dans l'est. C'est le contraire pendant la belle saison.

 

Culture. - On estime la superficie de Mayotte à 15 ou 20,000 hectares. Son sol est très-fertile, et particulièrement propre à la culture de la canne à sucre. Cette plante y atteint son maximum de développement en 9 à 10 mois. Plantée en septembre, elle peut être portée au moulin en juin.

 

Population.-La population de Mayotte se compose pour la plus grande partie, de Sakalaves, d'Antalaots et d'Arabes ; elle s'élevait au 1er janvier 1876, à 10,875 personnes ainsi réparties:                                                      

 

Hommes et enfants mâles :                                                 8 142

Femmes et enfants du sexe féminin :                                  2 733

 

Total :                                                                                   10 875

 

 

Cultures :   2,750 hectares plantés en canne ont donné, en 1876, 3,179,000 kilogrammes de sucre, fabriqués dans dix sucreries; 1 190 hectares sont consacrés aux autres cultures, maïs, riz, cafés, cocotiers, tabac, légumes secs, etc..

 

Navigation. - Le nombre des navires entrés dans le port de Dzaoudzi, en 1875 était de 112, portant 2,335 hommes d'équipage et jaugeant 15,882 tonneaux. Le nombre des navires sortis a été de 103, portant 2,227 hommes d'équipage et jaugeant 14,315 tonneaux.

 

Le mouvement commercial a été de 1,893,755 fr. en 1877, savoir :

 

Importations :    724 555

Exportations : 1 169 200

 

Total général    1,893,755

 

Il n'existe pas de droits de douane à Mayotte.

La séparation administrative de Mayotte et Nossi-Bé a eu lieu en vertu d'un décret en date du 14 juillet 1877.

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Visiter une friche industrielle à MAYOTTE, n'est pas sans danger.

Ayez toujours à l'esprit que les usines sucrieres etaient parcourues de carneaux  ( couloirs souterrains dans lesquels circulait l'air et qui peuvent mesurer j'usqu'à 2 métres de hauteur ) que ces derniers peuvent a tout moment s'effondrer, il en est de meme pour les chaudières enterrées.
Certaines pieces mécaniques peuvent peser jusqu'à plusieurs centaines de kilogrammes, ne les déplacez pas ...

Enfin nos recherches nous ont amenés à découvrir que les abeilles adorent fabriquer du miel dans les "tas de ferraille" certains s'en souviennent encore....

 

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